Un enseignement provincial émancipateur

Pouvoir organisateur de 13 instituts provinciaux et écoles polytechniques, nous souhaitons que l’enseignement provincial qualifiant redevienne un choix positif et non une filière de relégation. Pour un enseignement plus égalitaire, nous souhaitons des classes plus petites et une gratuité effective de l’enseignement obligatoire. Contrairement à ce qui est préconisé par le Pacte de (non) Excellence, nous souhaitons renforcer la formation générale dans l’enseignement qualifiant. En effet, l’ampleur des savoirs nécessaires à une citoyenneté critique — histoire, économie, sciences, technologies, arts, expression, langues… — interdit de limiter leur transmission au seul tronc commun. Outiller les élèves du qualifiant pour comprendre le monde, découvrir les clés de leur épanouissement social, affectif et professionnel et construire une vie meilleure, est pour nous un enjeu démocratique essentiel. L’introduction de la CPU – Certification par Unités – est à rejeter. Outre le peu de considération qu’elle donne à la formation générale, cette certification répond surtout à la flexibilité du marché du travail exigée par le monde patronal et ses flexijobs. Alors que 8,8 % des élèves du qualifiant sortent sans diplôme, cette CPU organise elle-même la perte de valeur du diplôme et de tous les avantages salariaux et sociaux y associés, en autorisant une qualification incomplète de quelques unités seulement. Cela prépare aussi toute une population d’élèves à la recherche d’une certification complète dans le privé. Le PTB tient à un enseignement public de qualité qui valorise autant les savoirs théoriques que les savoir-faire pratiques et qui couronnent les cursus par un diplôme qui a une valeur professionnelle et sociale.La réforme annoncée du qualifiant est également source d’inquiétude pour les enseignants, en particulier les professeurs de pratiques professionnelles et de cours techniques, qui risque de perdre des heures avec l’allongement du tronc commun. Le cours fourre-tout de Formation manuelle, technique, technologique et numérique (FMTTN) donné dans le tronc commun ne risque pas de satisfaire ni aux besoins des élèves en formation polytechnique ni aux besoins des enseignants pour lesquels ces cellules de reconversion ne sont toujours pas envisagées.Enfin, si des efforts ont été consentis pour construire ou rénover les bâtiments scolaires, le défi reste encore immense d’avoir un bâti digne du 21e siècle qui répondent aux besoins des enseignants et des élèves en termes d’isolation énergétique, de matériel scolaire technologique et de transition numérique. La revalorisation des filières qualifiantes restera un vœu pieux si l’on ne consent pas à un véritable plan de rénovation global et pluriannuel de l’ensemble des bâtiments scolaires.

Ce que nous voulons

Un. Augmenter les chances de réussite en recourant à des classes moins peuplées et en multipliant le nombre d’enseignants

  • Nous instaurerons des classes plus petites. Nous voulons au maximum vingt élèves par classe.
  • Avec une mesure forte comme la nomination plus rapide des enseignants temporaires prioritaires, nous améliorerons la sécurité d’emploi des jeunes enseignants.
  • Au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous défendons l’instauration d’un pool de remplacement des enseignants. Ceux qui sont chômeurs tout en étant titulaires d’un diplôme d’enseignant auront droit à la sécurité de l’emploi pour une année scolaire complète et à un salaire pour douze mois.

Deux. Supprimer les seuils financiers et rendre effective la gratuité

  • Nous ferons en sorte que l’enseignement obligatoire soit gratuit.
  • Nous assurerons une bonne alimentation saine, locale et gratuite à l’école. Nous renforcerons RestoScol au sein d’ISOSL pour qu’il élargisse son offre et que des structures similaires soient mises en place dans chaque agglomération.
  • Nous ferons en sorte qu’un maximum d’activités extrascolaires (excursions, visites de musées, de fermes pédagogiques, sorties au cinéma) soient rendues obligatoires et gratuites.
  • Nous intégrerons la remédiation dans le temps scolaire. Elle sera proposée gratuitement par toutes les écoles de la Province en collaboration avec les écoles de devoirs et les associations de soutien scolaire.

Trois. Un enseignement qualifiant de premier choix

  • Nous ferons de l’enseignement qualifiant un choix positif.
  • Nous renforcerons la formation générale dans le qualifiant parce qu’elle est nécessaire à la formation de citoyens critiques. C’est pour nous un enjeu démocratique essentiel.
  • Nous rejetons la CPU ou certification par unités qui prépare les élèves aux flexijobs et dévalorise le diplôme.
  • Nous renforcerons le lien entre écoles primaires et écoles techniques et professionnelles. Cela passe notamment par la défense de l’introduction de véritables cours techniques dans le futur tronc commun.

Quatre. Investir dans la rénovation et la construction de nouvelles écoles

  • Nous accroîtrons les efforts financiers pour nous attaquer à la rénovation du patrimoine qui s’est délabré.
  • Nous élaborerons un plan pluriannuel de rénovation complet des bâtiments scolaires de la Province de Liège.
  • Nous demanderons un refinancement du Fonds des bâtiments scolaires de l'enseignement officiel subventionné.

Cinq. Supprimer les inégalités

  • Nous allongerons la durée de l’enseignement commun.
  • Nous reporterons jusqu’à l’âge de 16 ans le choix des études et des filières d’enseignement.
  • Nous organiserons une politique d’inscription qui garantira une place à chaque enfant dans une école aisément accessible (près du domicile ou facile d’accès grâce aux transports en commun) et socialement mélangée.
  • Nous éviterons les situations de liste d’attente en faisant participer toutes les écoles au registre central d’inscription.

Six. L’enseignement reste une tâche incombant à un État démocratique

  • Nous ne percevons pas l’enseignement comme un marché concurrentiel entre les divers réseaux.
  • Nous travaillerons au niveau national à ne plus avoir qu’un seul réseau public pluraliste et nous privilégierons tout ce qui pourra faciliter la collaboration entre l’ensemble des réseaux d’enseignement.
  • Chaque école récupérera un(e) concierge et du personnel d’entretien sous contrat statutaire.
  • Nous supprimerons la publicité des enceintes de l’école. Nous privilégierons des contrats avec des distributeurs éthiques et éco-responsables. Nous avancerons vers l’adoption généralisée de logiciels libres dans les écoles.

Sept. Donner un enseignement pour la tête, le cœur et les mains

  • Nous miserons sur une formation multilatérale dans laquelle tout le monde recevra une bonne base de connaissances et de compétences générales, scientifiques et techniques.
  • On consacrera autant d’attention aux compétences manuelles, à l’éducation physique, au sport, à la formation et expression musicale et artistique dans les horaires de l’enseignement de jour.
  • Nous intégrerons dans l’enseignement une vision plus critique envers le colonialisme, l’eurocentrisme et le sexisme.

Huit. Avancer vers une école inclusive

  • Nous formerons l’ensemble du personnel de l’enseignement provincial aux notions de l’école inclusive.
  • Nous élaborerons un plan concret pour la mise en place progressive d’une école inclusive.
  • Nous respecterons l’obligation légale de satisfaire à toute demande d’aménagement raisonnable dans toutes les écoles de la Province de Liège.
  • Nous rendrons l’ensemble des implantations des écoles de la Province de Liège accessibles aux personnes à mobilité réduite.